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Saint Pryvé - Cléry 3ème partie
Me voici arrivée au confluent de la Loire et du Loiret, avec la Loire qui s'étale largement, et plus petit à droite, le Loiret qui vient se jeter dans les bras de ses eaux mère.
Je vais pouvoir enfin me restaurer. Mais que vois-je ? La place que je convoitais est déjà occupée. Et en plus par un cycliste !
Il faut dire que marcheurs et cyclistes font rarement copain copain. Exceptionnels sont les cyclistes qui répondent lorsqu'on leur dit bonjour. Ils vous foncent dessus sans problème, et lorsqu'ils veulent vous doubler sur un étroit sentier, ils vous font greloter aux oreilles leur sonnette sans bonjour ni merci, à croire qu'ils nous considèrent comme leur larbin de service : comment osons nous les ralentir dans leur précipitation à battre leur record contre la montre.
Mais j'ai trop faim, je décide de m'installer juste un peu plus loin que ce monsieur, cycliste ou pas, il a droit de se reposer et d'admirer notre magnifique fleuve.
Seulement voilà, à peine suis-je arrivée à sa hauteur qu'il m'interpelle en souriant. "Vous faites le pèlerinage de Compostelle ?"
Du coup nous engageons la conversation, je m'installe, sors mon sandwich et mange tout en bavardant.
Comme quoi, à bas les à priori ! Il existe aussi des cyclistes absolument charmants. Au cours de nos échange, il m'a quand même avouer que les jeunes cyclistes sportifs prenaient un malin plaisir à enquiquiner les piétons, lui-même en fut coupable dans sa jeunesse, le coquin !
Tout ceci pour vous dire que ce fut un agréable moment. Il reprend son vélo, moi mon sac à dos et chacun poursuit son chemin.
Les petites fleurs sauvages du lamier pourpre ou ortie rouge égaient le talus.
La Loire est toujours sur ma droite. Les eaux ayant baissé ces derniers jours, les iles de Mareau sont de nouveau à découvert.
Notre fleuve nous montre son humeur changeante tout au long de l'année. Les sternes et les gravelots nichent sans soucis sur ces bancs de sable sans végétation, quitte à voir leurs nichées emportées par les eaux si de brusques et abondantes pluies printanières font remonter le lit de la Loire.
Pourtant, quand la période des basses eaux se prolongent, les graines de saule blanc et de peuplier noir peuvent germer et certaines iles devenir pérennes.
Pour me diriger vers Cléry, je dois maintenant bifurquer sur ma gauche, j’abandonne les rives de la Loire qui continuera de couler jusqu'à l'océan sans moi.
C'est une terre fraichement labourée qui s'offre à mon regard.
Voulez-vous que je vous confie quelque chose ? Je me sens particulièrement heureuse à marcher ainsi en pleine campagne et je chante.
Je chante Ultreïa et tous les cantiques de mon enfance qui me viennent à l'esprit et je suis allègrement le chemin qui m'emmène droit devant.
Entre ciel et terre je marche, éblouie par toutes les senteurs et bruissements de la nature.
Des genets jalonnent d'or le bord du sentier.
Et bientôt un petit bois m'offre sa fraîcheur pour me reposer du soleil.
Le vieux tronc sert maintenant de logis et de nourriture à une multitude de petites bêtes.
Le hameau de Saint André se dessine à l'horizon, dernière étape avant Cléry.
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Commentaires
Merci pour ce beau partage de soleil, de ciel bleu et de marche sur ces sentiers que je ne connais pas; une belle découverte et aussi une belle envie de suivre tes pas sur le chemin !
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Mardi 30 Mars 2021 à 10:56
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Les chemins de Saint Jacques, un rêve pour moi aussi. Je sais que je n'ai pas la foi qu'il faut avoir pour leur donner leur vrai sens, et je n'ai plus la condition physique. C'est vrai qu'en prenant le chemin qui part du Puy, et même celui de Saint Gilles, c'est plus accidenté. Par ici, je n'en ai emprunté que des tronçons. Et oui, il y a aussi des cyclistes sympas
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Mardi 6 Avril 2021 à 12:22
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Ah ce que c'est beau. Comme ça me plairait.
Et puis cette rencontre, au final, a été agréable. C'est sympa d'échanger avec des inconnus, de découvrir d'autres univers.
Je comprends ton amour de la marche. Quant à St Jacques de Compostelle, c'était pour moi un rêve d'adolescence. Mes choix de vie l'ont rendu impossible mais j'admire ceux qui le font et j'ai un profond respect pour vous.
J'en ai fait le vœux à 12 ans, je suis partie la première fois à 65 ans.
Chacun fait ce qu'il peut en fonction des évennements et des opportunités que nous offre la vie.