pour une fois je ne pars pas de bonne humeur ce matin. Je n'ai plus de café dans mon sac et le distributeur de l'albergue est en panne. Une albergue un peu froide et pas très sympathique. Heureusement il y avait des  couvertures.

En plus j'ai cru que mon téléphone était fichu. Il ne voulait plus s'allumer. Il a dû prendre un peu d'eau ces derniers jours.

Enfin, tout est rentré dans l'ordre et nous avons pu partir.

Nous avons le choix entre deux chemins 21km en passant par Samos au magnifique séminaire ou 18km.

Je connais Samos, va pour 18km.

Et vraiment j'aime la Galice.

Parfois je ne réfléchis pas plus loin que le bout de mon nez. Si 21km promettaient d'être tout plat, forcément 18km ne peuvent passer que par la montagne.

Et aujourd'hui mes jambes se ressentent des deux dernières étapes. Et pourtant  c'est si beau.

Une nouvelle montée au sommet m'épuise. À la descente, ce sont mes genoux qui peinent.

Pourtant j'aime  ce chemin. Et le soleil est de la partie.

Mais quand il se poursuit dans la caillasse je déclare forfait.

Nora qui marche avec moi est de mon avis et nous décidons de poursuivre sur la route.

Mais là, sans savoir pourquoi, une crise de larmes me monte au  visage et à la poitrine. Pendant un bon quart d'heure je sanglote tout en marchant.

Nora sort un paquet de biscuits de son sac et me les tend un à un tout en me berçant de mots d'encouragement.

Je peux enfin me calmer mais je suis épuisée. Je marche les 5 derniers kilomètres comme un robot.

Seul un agneau qui n'a qu'un ou deux jours arrive à m'attendrir.

À 14h nous sommes à l'albergue, elle est confortable à souhait, juste ce dont j'ai besoin.

Véronica me propose de faire mes courses pour le dîner. C'est vraiment adorable.

À part pour manger je vais rester au lit pour me reposer.

Un appel téléphonique à  mes frères me fait du bien au moral. Et quand l'un d'eux me dit que je n'ai pas pleurer pour rien, tout à coup je me suis souvenue.

Je suis passée tout à l'heure juste à côté du village où je me suis arrêtée il y a 8 ans, le jour où j'ai appris la mort de mon oncle Jean. Et c'est comme si tous mes deuils remontaient à la surface.

D'en prendre conscience me permet aussi de retrouver du calme en moi.

C'est pourquoi je vais garder cette fleur du jour avec sa courageuse petite abeille qui profite d'un rayon de soleil.

Qu'elle me donne le courage nécessaire pour les cinq petits jours qui me restent.

Surtout qu'il y a pire que moi. Sylvain notre canadien s'arrête ici pour plusieurs jours.

Aller, demain est un autre jour.

Alors à demain mes amis.