Quelle chance, elle est tout près de l'albergue qui est minuscule, une vingtaine de lits seulement. 

Barbadelo est un petit trou perdu dans la chaleur, la verdure et le chant des oiseaux. C'est ce qu'il me faut. Saria n'est plus qu'à 5 km, mais je l'ai vu à l'aller et j'ai plus envie de tranquillité que d'une grande ville. J'en profite pour faire un peu de couture, le pantalon qui avait eu droit à un ourlet à la colle peu esthétique, c'est le moins qu'on puisse dire, va devenir pantacourt.  J'ai bien travaillé, je peux m'octroyer una cerveza con lemon à côté, "Chez Carmen".

Il sera bientôt l'heure de la messe, je file à l'église, romane, avec un rétable rococo. 

Un cameraman filme l'église et le vieux prêtre qui en raconte l'histoire. A la messe, nous ne sommes plus que trois, un couple de polonais et moi. L'échange de paix entre nous est très émouvant. Lorsque la messe terminée nous nous saluons et quand je leur dis que ma grand mère était polonaise également, la femme me serre dans ses bras en pleurant. Je la serre contre moi aussi, partageant cette émotion indescriptible de tout simplement se reconnaître entre humains. Ils me quittent très vite car leur albergue est plus éloignée que la mienne. 

Le cameraman qui est toujours là à l'extérieur m'interpelle. Il parle parfaitement le français et de fil en aiguille nous en arrivons à parler de Pascal et de son pari de croire, de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. Un petit bonheur de "philosophade" sur le chemin où tout peut arriver.

Il ne me reste plus qu'à aller dîner Chez Carmen.

Deux américaines du Colorado et un italien m'invitent à venir à leur table. Nous parlons du chemin, de nos enfants et petits enfants. Quelle délicieuse soirée pleine d'imprévus !

Un dernier regard sur l'horizon (désolée pour le contre jour).

Et direction mon lit.  Bonne nuit.