J74 24 juin Arzua - Santa Irene 16 km Total 1700 km

Hier soir il a eu de l'orage toute la soirée. J'ai donc dîné sur place en compagnie de Yolande la canadienne. 

D'un commun accord, nous avons renoncé à la messe, un bon quart d'heure de marche sous la pluie nous a découragées.

Ce matin il ne pleut plus mais le temps est gris et brumeux et on sent bien qu'il ne va pas se dégager comme ça. 

La pluie ne me dérangerait pas plus que cela, mais pour tous les autres pèlerins j'espère aussi que comme ces derniers jours elle attendra le soir pour s'abattre. 

Ce n'est pas une raison pour traîner en route, il faut y aller. 

Je ne sais pas ce qui me pousse chaque matin à boucler mon sac et partir. Surtout pas d'illusions, ce n'est pas du courage, c'est comme une évidence, quelque chose de bien plus fort que moi. Ça ne peut pas être autrement. 

Un berceau pour lutin.

Il attend sa princesse. 

Quelle lueur d'espoir apporte tu soleil ?

Dans tout ce brouillard. 

Pardonnez moi, mais aujourd'hui exceptionnellement, il n'y aura pas de fleurs. Mon oncle n'en voulais pas pour ses obsèques, il avait exprimé le désir que cet argent là soit plutôt donné à un organisme de recherche contre le cancer. 

Je sais bien que les fleurs du chemin sont un don gratuit de la terre à nos yeux, mais c'est ma manière d'être en pensée avec ma famille. 

Comme c'est étrange, si ces derniers jours chaque soir je me sens triste et vide, il me suffit de marcher pour que le calme s'installe en moi.

Cela me rappelle une parole de Maître Dakpo Rimpoche qui me disait "Écoutez vos émotions, voyez comme elles changent."

Sommes nous donc si versatiles ? Suis-je si versatile ?

Aller, dites 33.

Ruisselet dans les fougères. 

Qui dit pluie, dit flaques d'eau et gadoue. 

Pèlerin campeur solitaire. 

Entre les essences de pins et d'eucalyptus, si j'avais encore mon rhume il guérirait sur le champ. 

L'eau coule à gros bouillon. 

S'envolera-t-il à force d'efforts ?

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