• J127 16 août Roncevaux - Saint Jean Pied de Port (1)

    J127  16 août  Roncevaux - Saint Jean Pied de Port  30 km Total 2760 km


    Après avoir dit adieu à mon compagnon de chambrée avec qui nous avons beaucoup ri hier soir sur les mérites et inconvénients respectifs des lits du haut et des lits du bas, je suis allée prendre un solide petit déjeuner et me procurer un bon bocadillo pour la route. Il ne fait pas chaud et le temps est gris, parka et foulard de rigueur, pantalon et cape de pluie à portée de main. Et c'est reparti .

    Au loin les nuages bas ne me disent rien qui vaille, on verra bien. 

    Oh la gadoue, la gadoue, la gadoue !

    Bizarre, le sentier se rétrécit de plus en plus, et me voici face à une sacrée butte. 

    Les doutes qui m'effleuraient s'intensifient, mais obstinée je commence à monter. Makach walou, avec le sac qui tire dans le dos au bout de 3 m me voilà sur les fesses et je suis polie. Aucun mal, c'est un doux matelas de feuilles mortes. Que voulez vous je ne suis vraiment pas une fille de la montagne. Je redescends donc et fait demi tour en râlant fort. Ce qui donne à peu près  : "Grrr j'en ai marre, plus d'une demi heure de perdue, au moins 2 km, avec le retour une heure, plus de 4 km. Grrr et je vais arriver à quelle heure Grrrr j'en ai marre, si c'est comme ça je vais à la route et je rentre en stop Grrr" Enfin vous voyez le genre. Je finis par retrouver mon chemin et que fais-je ? Je redémarre en chantant Ultreia. C'est aussi que le chemin est si beau, même si au loin les nuages ont l'air plus denses.

    L'arbre joue à l'équilibriste sur les rochers. 

    Trèfles à seulement 3 feuilles dans un petit creux moussu. 

    Ça grimpe, ça grimpe et j'arrive enfin à l'embranchement où vont d'un côté le chemin de la montagne et de l'autre celui de la route Napoléon, que vois-je en sortant du bois, un brouillard à couper au couteau sur le mont. La trouille me prend. Je ne sais pas pourquoi cette montagne des Pyrénées me fait cet effet là, mais elle m'a toujours inspiré de la peur, à croire que c'est dans mes gènes ou dans une vie antérieure, que sais-je. En tous les cas, je ne me vois pas prendre ce chemin de montagne dans ce brouillard, j'ai trop peur de me perdre. En avant par la route en ronchonnant encore cinq minutes parce que à l'aller je l'avais déjà prise cette fichue route à cause de l'orage, et que à cause du brouillard, je ne verrai ni la croix ni la Vierge du chemin. Mais comme ronchonner me fatigue, je continue en chantant.

     

    Route il y a, suivons la route.

    Petite bifurcation quand même sur un chemin tout vert de mousse.

    Il se met à pleuvoir, les nuages ne me quittent pas. J'enfile cape et pantalon de pluie

    Une éclaircie, profitons en ça ne durera pas. J'enlèverai et remettrai ma cape quatre fois en tout. 

     

     

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